Les personnages historiques qui ont œuvré pour les colonies de vacances

Si les colonies de vacances sont devenues une véritable institution en France, qui a marqué la vie de plusieurs dizaines de millions de Français, elles émanent avant tout de la société civile et d’initiatives portées par des hommes d’Eglise, des instituteurs, des pédagogues, des politiciens, des philanthropes…

Hermann Walter Bion (1830-1909)

Ce Pasteur suisse de Zürich (biographie d’Hermann Walter Bion) est « l’inventeur » des colonies de vacances.

La première colonie de l’histoire, en 1876, ne ressemblait guère à l’image que l’on a gardée de la « colo ».

Il s’agissait pour Bion d’envoyer les enfants les plus miséreux de la ville chez les aubergistes et les paysans des montagnes voisines pour leur « refaire une santé ».

Le Pasteur Théodore Lorriaux

Il est l’organisateur de la première colonie de vacances en France, en 1881, soit cinq années seulement après la naissance des Ferien-Kolonien de Hermann Walter Bion, en Suisse.

Il est le fondateur de « l’Œuvre des trois semaines » qu’il anime avec son épouse Suzanne.

En 1882, elle permet à 72 filles de séjourner à la campagne chez des paysans.

Ce n’est que plus tard que l’œuvre se dotera de bâtiments d’accueil et elle sera reconnue d’utilité publique en 1913.

Elise de Pressensé dit Madame de Pressensé (1826-1901)

Née Elise du Plessis-Gouret à Nyon en Suisse dans un milieu fortuné et strictement protestant.

Inspirée par les idées socialistes, elle écrit plusieurs ouvrages dans lesquels elle développe ses idées progressistes à destination des enfants et des adolescents.

Elle soutient l’œuvre du pasteur Lorriaux et fonde « l’Œuvre de la Chaussée du Maine » en 1781.

Elise de Pressencé est aujourd’hui reconnue comme une pionnière de l’action sociale et de l’éducation populaire.

Edmond Cottinet (1824-1895)

Il est considéré comme le père des colonies de vacances scolaires.

Après une première expérience réussie en 1883 – il place dix-huit écoliers-colons pendant trois semaines à la campagne grâce à la Caisse des écoles du 9e arrondissement de Paris – il trouvera les soutiens politiques pour généraliser son modèle de colonies scolaires à l’ensemble de la ville de Paris.

Voir la biographie d’Edmond Cottinet.

Le Pasteur Louis Comte (1857-1926)

Ses talents oratoires, que l’on compare alors à ceux de Jean Jaurès, le rendent très populaire dans la France du tournant du 20e siècle.

Né dans une famille modeste de la paysannerie, il est socialiste et se sent proche des classes ouvrières et paysannes.

Il est apprécié pour ses œuvres en faveur des droits de l’Homme et de la condition enfantine.
Sa plus importante est « l’œuvre des enfants à la montagne », créée en 1892, en faveur des enfants d’ouvriers du bassin minier de la région de Saint-Etienne.

Il réussit chaque été à en placer plus de deux mille dans plusieurs centaines de fermes du plateau Vivarais-Lignon.

On estime que plus de soixante mille enfants ont passé d’un à deux mois au grand air grâce à son œuvre.

Anton Afritsch (1873–1924) & Kurt Lowenstein (1885-1939)

Ces deux noms sont étroitement associés au mouvement des Faucons Rouges, une organisation de jeunesse émanant de l’Internationale socialiste, née en Autriche sous le nom de « Roten Falken ».

Anton Afritsch est le pédagogue qui en a fixé les objectifs pédagogiques sur trois piliers : mixité, autodiscipline et autogouvernement.

Le pédagogue et député socialiste allemand Kurt Lowenstein, institua la première République des Faucons Rouges en 1927, dans la région de Kiel en Allemagne, « durant trois ou quatre semaines, loin de la vie d’exploitation capitaliste et des privilèges bourgeois ».

Janusz Korczak, le roi des enfants (1878-1942)

Ce médecin-pédiatre et écrivain est reconnu aujourd’hui comme le père des droits de l’enfant inscrits en 1989 dans la Convention des Nations Unies pour les droits de l’Enfant.

De son vivant, il était célèbre pour sa littérature enfantine (Le roi Mathias 1er, etc.).

Après sa mort, son nom est resté associé à la pédagogie du respect et à l’école de la démocratie et de la participation qu’il a développé dans deux orphelinats organisés en Républiques d’enfants : « Dom Sierot » et « Nasz Dom ».

Ces Républiques inspireront des colonies de vacances se réclamant de la pédagogie korczakienne, liées au mouvement des Faucons Rouges.

Korczak lui-même a écrit deux ouvrages consacrés à la pédagogie des colonies de vacances.

Né Henryk Goldszmit dans une famille juive de Varsovie, il trouvera la mort en déportation.

Le film du réalisateur Andrzej Wajda « Korczak » (1989) raconte sa déportation volontaire au camp d’extermination de Treblinka, aux côtés des enfants du ghetto de Varsovie qu’il n’avait pas voulu abandonner.