L’humanitaire à l’adolescence

interculturaliteL’expérience humanitaire est souvent marquante dans une vie.
Les valeurs véhiculée par le voyage solidaire sont elles en accord avec celles recherchées à l’adolescence ?
La participation à une colonie humanitaire ou à un chantier humanitaire va-t-elle aider l’adolescent à se responsabiliser, à appréhender autrement la société, à devenir plus citoyen ?

Les valeurs de l’humanitaire

De nombreuses associations, ONG, sociétés ont chacune leur définition de l’humanitaire et des valeurs véhiculées. Cependant, toutes parlent d’interculturalité et de découverte de l’autre, car c’est le premier sens du voyage solidaire. Aller rencontrer l’autre pour mieux le connaître, et ainsi mieux se connaître. C’est aussi l’occasion aussi d’agir, de participer à une démarche solidaire, mais cela vient après.

A la découverte de l’autre : L’interculturalité

imagesL’interculturalité est centrale. Sinon, le voyage n’a pas de sens. On peut soutenir financièrement une action de solidarité depuis chez soi. Si l’on voyage, c’est donc pour rencontrer l’autre.
En arrivant, on perd ses repères habituels, ses appuis, et on va en chercher de nouveaux. Les appuis sont différents, ils appartiennent à une autre culture. On va donc devoir comprendre l’autre, le connaître : Quel est son rapport à l’éducation, à la nature, à la famille, à l’argent ?
L’adolescent va donc aussi s’interroger sur ses propres conceptions, sa propre culture, ses priorités, ses réactions, ses émotions… Il est même question d’ « intelligence interculturelle » comme l’écrivent Martin Vielajus et Michel Sauquet. L’adolescent devra se préciser : « Quelles sont mes définitions, mes certitudes, mes valeurs ? »

Donner du sens à son action : La citoyenneté

11802155_867688019987235_1886440052_nLa citoyenneté, est souvent définie (pas seulement d’une façon étymologique) comme la participation à la vie de la cité. Certains entendront la vie de SA cité, d’autres se revendiqueront « citoyens du monde ». Aujourd’hui, et de plus en plus, les jeunes le savent mieux que les adultes : les enjeux sont mondiaux. « Sa » cité, c’est le monde : Le voyage est facile, l’économie est mondiale, les enjeux comme l’environnement et l’éducation, dépassent les frontières. Etre citoyen de demain, c’est alors être citoyen du monde. L’adolescent sera un futur citoyen du monde, c’est-à-dire un « particip’acteur » du monde.
L’humanitaire est une forme de participation, de citoyenneté forte, qui encre solidement dans l’esprit du voyageur qu’il se doit d’être responsable pour lui et les autres : Environnement, Egalité hommes / femmes, accès à l’éducation… En participant à un chantier, une action humanitaire, il s’engage dans une direction, et il précise au passage celui qu’il devient.

Participer à une démarche solidaire

Microsoft Word - 25 ans de la cide.docxIl existe plein de bienfaits à vivre un voyage humanitaire. Celui le plus valorisant est certainement l’impression d’être solidaire, d’aider, et de le faire concrètement. Chaque voyage humanitaire permet au voyageur d’agir dans ce sens.

L’adjectif « humanitaire » qualifie « ce qui s’intéresse au bien de l’humanité, qui cherche à améliorer la condition de l’homme ». L’action humanitaire s’exerce au nom de la solidarité. Elle est destinée principalement aux populations les plus défavorisées, mais doit s’inscrire dans une idée d’échange.  (Source Larousse).
Au Cambodge ou à Madagascar par exemple, en soutenant les projets locaux, le voyageur participe à l’animation d’ateliers éducatifs et culturels. 


PowerPoint réalisé et animé par Tom, un participant au séjour solidaire de juillet 2018
 

L’adolescence, et les recherches de valeurs

La-petite-bibliotheque-grincante-les-ados_lightbox_zoomRoger Meyer, rappelle, dans son étude sur les valeurs et l’adolescence (pour le centre de recherche en psychologie de l’éducation d’Aix en Provence), qu’ « à l’adolescence, le système de valeurs se trouve à la fois inévitablement reconsidéré et enrichi. »
Sa capacité de raisonnement et de compréhension du monde et des relations sociales vont amener l’ado dans une recherche d’idéaux, de justice.

Une reconstruction qui a besoin de modèles

9782874428654_cgL’adolescent va reconstruire son modèle de valeurs, souvent en le confrontant à celui de sa famille, ou de sa société.
​Il va devoir trouver seul ce qui est bien, mal, acceptable, intolérable, prioritaire, et secondaire. Il a besoin d’expérimenter et a soif de démonstrations. C’est valable pour l’adulte et l’enfant, mais l’ado va parfois encore plus braver les interdits, vérifier ce que signifie sortir du cadre, pour mieux le définir, en ressortir, le redéfinir… Il va rechercher des modèles, des adultes qui répondent, au moins d’apparence, à ce qu’il pense vouloir ressembler. Un membre de sa famille, une rencontre, une star, un autre ado, cela peut être tout le monde, du moment qu’il offre un modèle différent et rêvé du monde adulte. Le héros de l’enfance a évolué, il n’a plus de superpouvoirs, il a une forme humaine et possible, atteignable.
Mais qui va-t-il choisir ? Question que peuvent se poser chaque parent d’adolescent… Lui offrir des expériences riches avec un entourage bénéfique peut l’aider à se construire et s’identifier à des adultes bienveillants, ou tout au moins à préciser ce que le « héros » à choisir devra avoir comme qualités humaines.

Les besoins d’une expérience à soi

2064558393Les parents, s’ils ne l’ont pas encore fait, doivent accepter l’émancipation de leur enfant devenu adolescent. Il faut savoir rester contenant, sans être directif. Car la période de l’adolescence est définie par une période de « faire soi même ». L’adolescent va rechercher des activités qui le définissent, dans lesquelles il existe, se créé, se représente. Ces activités doivent se vivre seul ou accompagné d’un ou de plusieurs autres jeune(s) ou adulte(s) choisi(s) par l’ado.
Participer à un séjour humanitaire ou à toute autre expérience de groupe sans sa famille va répondre à ce besoin, qu’il soit conscient ou non.

L’adolescence bienveillante

transitionSelon wikipédia, « la bienveillance est la disposition affective d’une volonté qui vise le bien et le bonheur d’autrui ». Il existe tellement de façons de vivre son adolescence qu’on est parfois loin de constater que la priorité de l’ado, c’est la bienveillance… Il est parfois envisagé, parmi les éducateurs, d’user de « fermeté bienveillante » ou d’ « autorité bienveillante »… Mais avant d’utiliser ces concepts éducatifs, s’est-on réellement posé la question de savoir si la bienveillance est inexistante à l’adolescence?
Nous pensons au contraire que l’ado est attiré par définition par la bienveillance. Très sensible, il s’oppose à ce qu’il trouve injuste, inutile, ou mal. Parfois, il est envahi par ces émotions et celles-ci le conduisent vers un mal-être, et même à franchir ses propres barrières bien/mal. Contradictoire ? Oui, une autre qualité que l’on peut gagner à l’adolescence. On ne trouve pas tout de suite toutes les articulations cohérentes entre savoir-être et valeurs. Le « Respect » par exemple est LA valeur défendue par tous les ados, même ceux qui ont fait des passages à l’acte irrespectueux pour autrui…
L’ado a besoin de se prouver qu’il peut faire, agir, et être bienveillant. Une « preuve » essentielle qui lui servira de référence pour la suite.
L’humanitaire, c’est la bienveillance.

Pour conclure

Si le jeune le souhaite, le voyage humanitaire, trop rarement proposé pour les mineurs, est une formidable expérience éducative, répondant aux progrès cognitifs et sociaux qu’apporte l’adolescence. L’humanitaire permettra à l’adolescent de reconstruire son système de valeurs sur des principes d’humanisme, de solidarité et d’interculturalité. Acte de citoyenneté, c’est un bon moyen pour le jeune de s’émanciper en étant acteur de valeurs humaines riches.